Pour quelles raisons ?
Nous sommes dans un contexte où les
données du dossier Lyon ‑ Turin évoluent
sensiblement. Le Gouvernement
Français a déclaré vouloir faire une
pause sur la réalisation des accès au
tunnel ferroviaire de base de 57 kms
entre la France et l’Italie. Les choix de
tracés opérés confrontés à la situation des finances
publiques en constituent les principales raisons.
Depuis la déclaration d’utilité publique de la liaison
en 2013, le trafic poids lourds (PL) est fortement
reparti à la hausse dépassant sur notre
simple VRU, sur la section Chambéry Nord, les
niveaux de trafic enregistrés en 2007 avant la
crise. Aujourd’hui, ce sont 3,16 millions de poids
lourds qui passent en moyenne par an sur cette
section dans l’agglomération, contre 2,84 en 2007.
A horizon 2020, c’est‑à‑dire demain, un deuxième
tube routier au tunnel du Fréjus sera mis en service.
Dans le même temps, du fait de la forte
pollution de l’air dans la vallée de l’Arve et de
Chamonix, une démarche de classement du site
du Mont‑Blanc au patrimoine mondial de l’humanité
est engagée dans le même calendrier, pour
préserver le toit de l’Europe.
La conséquence : le tunnel du Mont‑Blanc, nettement
moins aux normes que les deux tubes sous
Fréjus, sera contraint de fermer progressivement
son accès aux poids lourds. Il déversera de fait
plus de 500 000 poids lourds / an sur notre agglomération
pour gagner le Fréjus.
Or, les alternatives de contournement routier de
notre agglomération n’existent plus depuis l’abandon
en 2014 du contournement Ouest par le Ministre
des Transports, intervenant après l’abandon
du contournement Est au début des années 1980.
Face à ces évolutions qui s’imposent à nous et
que nous subissons, face aux 3,66 millions de poids
lourds qui risquent de traverser Chambéry, la
seule alternative est de donner une priorité au
fret ferroviaire dans le choix des accès au tunnel
de base entre la France et l’Italie. Pour ce faire,
seul l’itinéraire passant sous Chartreuse en lieu
et place des tunnels Dullin‑Lépine, peut répondre
à ces contraintes et obligations. Cette affectation
de l’itinéraire Chartreuse dédié au fret figure dans la déclaration d’utilité publique de 2013. Il faut
désormais la prioriser et l’adapter.
Nous le faisons au nom de la sécurité des personnes
et des biens car en plus des camions sur
la VRU, nous ne voulons pas capter au quotidien
jusqu’à 100 convois de fret marchandise, dont les
matières dangereuses, sur les rails dans la traversée
de Chambéry.
Nous le faisons au nom du financement des accès
car seul l’itinéraire dédié prioritairement au fret
est éligible aux financements européens (30 à
40%) et rendra à nouveau sa réalisation envisageable
aux yeux du Gouvernement. Elle répondra
aux directives de Bruxelles pour relancer le fret
ferroviaire en France.
Nous le faisons maintenant car une loi d’orientation
sur les mobilités doit être prochainement
adoptée par le Gouvernement. Ce sujet crucial
intégrant notre avis doit y être pris en compte.
En d’autres termes, nous relançons un dossier
qui jusqu’alors souffre de blocages du fait d’une
vision du passé jamais réactualisée. A noter que
la position défendue par notre agglomération est
partagée par l’ensemble des parlementaires Savoyards
et Haut‑Savoyards, toutes tendances
confondues. C’est une première.
Et les voyageurs ? Ne sont‑ils pas les grands oubliés dans cette hypothèse ?
Au contraire. Le tunnel sous Chartreuse, d’une
longueur de 25 kms, devra comporter un deuxième
tube, c’est la réglementation. Il permettra la
mixité fret ‑ voyageurs. L’accès à la cluse Chambérienne
se fera par le Sud, et nous connaîtrons
également une amélioration sensible de la desserte
des voyageurs TER et TGV de Chambéry, Annecy
et Grenoble tant en gain de temps, en fréquence
de desserte qu’en sécurité et coût des infrastructures.
Ainsi, la gare de Chambéry n’en sera que
renforcée.
Priorité au fret, amélioration de la qualité de l’air, accroissement de la sécurité, limitation de la
croissance des poids lourds, meilleur service aux
voyageurs et relance du dossier des accès, tels
sont les seuls objectifs que nous poursuivons dans
notre démarche.